L’ALBUM-LIVRET « IVRES VIVANTS » EST DE SORTIE!

  • ENTRETIEN avec Dominique Sorrente, le poète-chanteur.   

Poète, Dominique Sorrente est aussi parolier, compositeur et interprète de ses propres chansons. Et cela depuis les années 1970. Il sort ici un objet sonore et visuel soigné, un album-livret sous le titre : Ivres Vivants.

Il nous parle ici de sa relation particulière à la chanson.

Pouvez-vous présenter votre album ?

  • C’est mon troisième opus après un Vinyl « années 70 » et un cd « Les jours mimosas » en 2005. Un ouvrage tous les 20 ans environ, on ne pourra pas m’accuser d’avoir encombré les bacs !  Voilà 11 titres de plus que j’ai choisi de…sauver ! Sur la grosse soixantaine de chansons que j’ai commises, c’est correct.

         Vous êtes avant tout un poète. Mais il est clair que la chanson fait chez vous de la résistance. Comment expliquer cela ?

              Je pense tout simplement que ce qui m’anime est la voix, qu’elle soit parlée, chuchotée, performée ou chantée…Il y a une vibration qui précède l’écriture ou qui la recouvre. C’est une affaire d’onde. Et puis j’aime interpréter mes chansons et aussi celles des autres.

              Ça a commencé comment, cette histoire ?

              Petit cours de biographie sorrentine (sourire) : à 17 ans, j’ai commencé en même temps à écrire des poèmes et à prendre une guitare pour inventer des chansons. La chanson portée par le geste de la guitare, battements ou arpèges, m’a évité une forme de rudesse, de desséchement qui guettait le travail sans matière sur la page. À côté de Rimbaud, Nietzsche, Michaux, Séféris, j’ai vécu ainsi au rythme de Leonard Cohen, Georges Brassens, Paco Ibanez, Atahualpa Yupanqi…Et comme je suis du signe de la Balance, j’ai su qu’il ne fallait surtout pas choisir, mais tout accueillir !

La dénomination que vous avez choisie est celle d’ album-livret. Pour quelles raisons ?

Évidemment des âmes attentionnées m’ont conseillé de me précipiter pour mettre en ligne. Je pratique comme d’autres cette forme dématérialisée d’aujourd’hui  qui devient le mainstream. Mais quelque chose en moi résiste à cette pratique, ou plutôt refuse que cette pratique soit la totalité du geste. Je constate que cette forme de produit consommable à volonté dévalue la qualité de l’écoute. Je crois que je suis un défenseur acharné de l’objet symbolique qui présente un caractère unique, rare, précieux, irremplaçable, c’est-à-dire l’inverse du schéma de la reproduction sans âme.

C’est aussi le cas pour ma relation au livre qui pour moi réclame d’être incorporé, d’être « avalé » est-il dit dans l’Apocalypse.

Ce que j’ai choisi de réaliser est donc un véritable objet visuel et sonore. Un hybride personnalisé où on écoute des chansons enregistrées mais aussi où on parcourt un livret qui a ses couleurs et ses textes, et notamment les paroles des 11 chansons, plus un dialogue que j’ai écrit entre le poème et la chanson.

Je sais qu’en faisant cela, je suis du côté de la rareté. Hé bien, j’assume. Une rareté attentive vaut mieux que de la prolifération distraite !

Dans un premier temps, je veux donner toute sa chance à cet objet qui a sa beauté ( je l’espère !), son authenticité, son aventure.

Quand l’imprégnation sera faite auprès de mon « happy few », je passerai à la mise en ligne en gardant, le plus possible, une forme reconnaissable.

Et peu importe si je suis le dernier des Mohicans. J’aurai ma chanson de Sequoia pour me tenir compagnie !

Que trouve-ton dans cet album ?  J’ai retenu 11 titres avec un titre générique qui m’importe « Ivres vivants ».

Comme en poésie, chaque chanson habite un lieu particulier.

On trouvera une variété liée à des rencontres, des moments traversés. Montréal, jamais trop tard a été écrit lors d’une visite d’un soir d’automne, à la maison de Leonard Cohen, Amis du Monomotapa est une chanson de l’amitié ardente avec le poète Daniel Schmitt, Marseille terrain vague est une chanson qui dit l’amour ardent et contrarié avec ma ville de cœur, Ophélia parle de l’aventure amoureuse qui réclame sans préavis son voyage et son plongeon dans le lac…

Écrire et composer une chanson, est-ce un travail solitaire ? Ceux qui me connaissent savent que l’espace du dedans que j’explore avec passion dans une forme de retrait revendiqué ( je parle volontiers de ma caverne !) est toujours allé de pair avec le désir de jeter des ponts avec les autres. Il y a sans cesse des aller-retours.

C’est particulièrement vrai dans cette aventure de cet album-livret « Ivres vivants ». Où l’écriture des mots, l’invention des cadences, des mélodies appelle inévitablement la rencontre avec d’autres interprètes. J’ai croisé des personnes rares qui prolongent mon travail, l’enrichissent.

Ici, je citerai en premier Rémi Bernard avec qui j’ai travaillé une année pour peaufiner des arrangements. Il a réalisé, par ailleurs, un remarquable travail d’ingéson. Il y a aussi Hélène Javelaud, superbe violoniste, qui a pris sa part d’invention et d’interprétation. Audrey Gambassi et Éric Papacaloduca, chanteuse et musicien de mon trio de scène, sont intervenus dans plusieurs chansons…

Et puis, je voudrais nommer quelqu’un qui a apporté beaucoup, par son art visuel, Colette Papilleau, graphiste et peintre, qui a parfaitement joué son rôle de plasticienne sonore.

Je citerai enfin Véronique Duprat qui m’a aidé à finaliser les choix ultimes avec des personnages difficilement identifiables pour moi. À deux, on domestique plus facilement le jargon du métier, mastering et fabrication du digipack !

Et deux mentions particulières : à Martin de Cooltrain studio (Aubagne) pour le Mastering, et à Michaël de Confliktart (en Bretagne) pour la fabrication du digipack.

Reste à qualifier le style des chansons  ?

C’est de la chanson française, évidemment. Un univers personnel, intimiste, avec de l’humour au coin des lignes, de la tendresse, j’espère. Un plaisir de mélodies tissées sur des arpèges ou battements de guitare acoustique.  Avec un doux mélange de médiéval, folk, rock, swing jazzy…Avec une attention particulière aux mots, aux formulations. Pour le reste, je vous laisse trouver vos adjectifs, en espérant qu’ils ne seront pas trop accablants pour moi 😊

(propos recueillis par Anne Lofoten)

Pour aller plus loin : lire « le Dialogue improbable »

Journée de dédicace avec Audrey Gambassi (chanteuse), Éric Papacaloduca (guitariste et voix) et Hélène Javelaud (violoniste).

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