LA REVUE AVALANCHE

AVALANCHE : 1976-1980

Une première aventure collective. Fin 1976, l’heure d’une première aventure associative, l’ACIPAS, et d’une revue nommée Avalanche, autant par défi que par instinct. C’est l’heure de Science-Po à Paris, les plans en deux parties, l’éducation aux chemins du pouvoir, un espace difficilement habitable pour moi sans son antidote absolue, la poésie. Avalanche est un coup de semonce pour tenir la liberté hors d’atteinte.

Son nom ? Il m’est venu comme un coup de dés, une manière de toiser, un peu de prémonition aussi. Un certain goût pour la catastrophe qui transforme et régénère… On peut y sentir l’ombre d’une chanson de Leonard Cohen « I stepped into an avalanche/ It covered up my soul” Je suis entré dans une avalanche/ Elle a recouvert mon âme ».

Plus tard, un ami de notre revue nous confiera un inédit de Max Jacob accompagné d’un dessin que nous publierons dans le numéro 5 avec cette mention déroutante : « Je suis fier de ma jument noire, Elle s’appelle Avalanche ». La poésie reçue avec ses manières instinctives.

Dès le début, la revue se voulait portée par un projet de fraternité poétique, intégrant la pratique littéraire, mais aussi la transcendant. Avalanche fut aussi l’apprentissage de séances de comité de rédaction festives, puis animées voire conflictuelles.

Avalanche, née à Marseille, devint vite parisienne, suivant en cela le cours de mes études en sciences politiques, comme de celles de plusieurs autres contributeurs, tels que Michel Orcel, François d’Alançon, Michel Nodé-Langlois…

Au cours de sa brève existence, Avalanche nous permit de publier des inédits de Christian Guez Ricord, des poèmes de Jean Joubert, des traductions aussi de Leopardi ou Von Platen…et puis nos propres écrits. À noter l’invention d’une collection qui s’arrêta au…numéro 1 : Les lointains morts. Avec un beau texte de Christian Guez « Le mouchoir d’Éphèse » qui fut re-publié par la revue l’Alphée en 1989.

Nous avions de bonnes relations avec la revue Obsidiane animée par François Boddaert qui suivait un chemin assez voisin du nôtre, en se dotant en plus d’une figure de proue, Henri Thomas.

Le bonheur de l’ACIPAS et d’Avalanche fut de courte durée. En 1980, l’opposition de vues et de tempéraments entre Michel Orcel et moi aboutit à la fin de l’aventure. Michel Orcel, qui était résolu à s’ancrer dans la vie littéraire parisienne, créa une autre revue, l’Alphée.

Pour ma part, revenu à Marseille, je me rapprochais des Cahiers du Lamparo à l’Isle sur la Sorgue, une revue de poésie animée par Christian Guilleau. À Marseille, la fréquentation régulière de Christian Guez me conduisit à frapper à la porte de la revue Sud.

Avec le recul, je mesure que ce qui m’importait au temps d’Avalanche était bien une forme d’idéal de collectif de vie, et non un projet littéraire particulier. Une traversée portée par un goût immodéré pour la poésie vécue…Une première île d’utopie, en somme.